Nous avions été voir le film ensemble. Nous en étions ressortis émus. Moi, un peu révolté. Le film, c’était "Welcome" avec Vincent Lindon et l’excellent jeune Firat Ayverdi.
Quelques jours plus tard, elle m’a offert ce livre. J’ai mis du temps à l’ouvrir. Comme je le dis toujours, il y des instant pour lire certains livres. Je viens de le terminer. Ce livre, c’est "A l’abri de rien" d’Olivier Adam.
Elle, c’est mon amie, ma sœur, ma cousine. Ma Vévé.
Sur la première page, elle m’a écrit ces mots : "A travers ce livre, je tiens à te faire découvrir cet auteur merveilleusement touchant. J’espère que cette histoire te plaira, elle relate un fait de société qui touche forcément le cœur de veux qui en ont un ! Imagine un instant que "Welcome" soit un mot universellement utilisé et que chacun respecte cet accueil… Ceci n’est qu’utopie mais ça fait du bien d’espérer et d’y croire. En attendant, je t’embrasse en te souhaitant une bonne lecture. Ta Vévé préférée."
C’était en août 2009. Près de deux années ont passées et à mon tour, ma Vévé, je t’écris quelques mots sur ce livre, cette tranche de vie tracée sur un peu plus de deux cent pages. Je commencerai juste par "Merci". Merci de m’avoir fait pénétrer dans la vie de Marie.
Marie, dont la sœur est décédée et qui est hantée par ce drame. Marie perdue et qui se perd encore. Marie qui se raccroche aux autres. A ces hommes, ces femmes, ces enfants qui sont réfugiés. Qui sont sans papiers. Qui ne sont plus grand choses. Qui ne vivent que par l’espoir d’une vie meilleure. D’une vie tout simplement. D’un espoir. D’un souffle. D’un rien qu’il n’ont même pas d’où ils viennent. Marie entre dans le tourbillon de cette aide clandestine. A se cacher pour une cuillère de soupe chaude offerte. A vider ses armoires pour quelques épaisseurs de chaleur pour envelopper ces âmes refroidies. A se heurter à l’incompréhension et la froideur des égoïstes, des rumeurs, des ragots qui blessent. Pas elle. Mais son entourage proches. Elle, elle est dans son monde. Anesthésiée par la douleur de sa vie contre la douleur de la vie des autres.
Oui, elle se raccroche à tout cela comme un ultime sens à sa vie. Comme une bouée inespérée. Mais la bouée éclate. Trop gonflée ? Pas assez ?
Elle éclate au nez de son mari et des enfants. Si petits encore. Trop petits pour comprendre. Dans ses délires et ses névroses, elle les oublie. Mais ils existent. Et souffrent avec elle. Malgré elle.
Alors oui, ma Vévé, ce livre n’est pas gai. Mais quel bon moment ai-je passé au fil de ces pages que je tournais presque en les secouant comme pour secouer Marie. Secouer Isabelle. Secouer Jallal. Secouer Bechir. Pour qu’ils prennent une autre direction. Pour que le malheur tombe d’entre les lettres imprimées. Et que l’histoire change. Pour que, oui, comme tu le dis, le mot "Welcome" résonne comme un hymne universel afin que tout être humain ait une vie digne de ce nom. Où qu’il se trouve. Oui, où qu’il se trouve !
Mais, tu me connais, ma Vévé, moi, je ne parlerai pas d’utopie. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours cette lumière en moi qui me dit que c’est possible. Que cela s’exaucera un jour.
Quand on aura compris que l’être humain vaut mieux qu’un billet de banque.
Encore un grand merci, ma Vévé. Olivier Adam a donné vie à Marie et à son existence le temps d’un roman. Grâce à toi, Marie est entrée dans ma vie et je sais que je me demanderais ce qu’elle est devenue. Si elle va mieux. J’aurais même envie de lui écrire quelques mots de soutien. Quelque encouragement.
C’est dire comme j’ai aimé ce livre. Comme j’ai aimé Marie.
Merci.
Photo de l'auteur : Olivier Adam.
Je tiens à préciser que si le sujet du film "Welcome" croise celui de ce roman, le livre n’est pas l’histoire du film.