Un jour, alors que je visitais une contrée tunisienne, un enfant a couru vers moi.
"Prends moi en photo ! Prends moi en photo !".
Il a pris la pose, a déployé son plus beau sourire et a attendu. J'ai pris la photo. Il était fou de joie.
Il m'a dit "tu la gardes bien avec toi, hein, ma photo ? Comme ça, je serais un peu en France avec toi. C'est beau la France. C'est mon rêve."
"Mais tu ne l'as jamais vue, lui ai-je répondu.
"C'est pas grâve, la France c'est la Liberté."
Je n'ai jamais revu cet enfant qui doit être un jeune adulte à présent. Je ne sais plus où j'ai mis cette photo qu'il n'a d'ailleurs jamais vue. Mais ses mots prononcés dans un français maladroit et appliqué résonnent en moi aujourd'hui. Le mot "Liberté" aujourd'hui, me revient avec un écho différent d'alors. Combien d'enfants se sont précipités vers moi pour que je les prenne en photo ? Pensaient-ils la même chose alors que j'appuyais sur l'objectif ? Attendaient-ils secrètement de voir sortir le petit oiseau de la Liberté ?
Le temps est passé. Les temps ont changé. J'aimerais retrouvé cet enfant et lui dire que sa Liberté il l'a ô combien gagnée.Que sa Liberté, il la tient entre ses mains. Le petit oiseau de Liberté imaginé sortant de l'objectif de mon appareil photo a rejoint le vol de l'oiseau du Courage sorti indéniablement de l'objectif d'une vie meilleure.
Et si un jour, un enfant vient vers moi pour une photo souvenir, je me mettrais avec lui devant l'objectif. Ensemble, nous regarderons sortir l'oiseau de la Fierté s'envoler vers le pays dont il peut enfin rêver: le sien.
Que l'envol de ces oiseaux de Vie, de Liberté, d'Espérance et de Grandeur permette enfin à tous les enfants de Tunisie que j'ai photographiés ou non de déployer leurs ailes et d'écrire sur leur cahier d'écoliers des mots libérés avec leur plus belle plume.
Vous êtes des oiseaux de Liberté. Mes oiseaux de Liberté.