Elles venaient me rendre visite. Sous le soleil et la chaleur. Sous la pluie et le vent.
Elles ont versé des larmes sur ma demeure. Elles ont souri et ri aux souvenirs de moi.
De ce que j'étais, de celui qu'elles honoraient.
Leur regard. Leurs gestes. Leurs mots.
J'ai oublié.
Elles venaient vers moi. Vers ce qu'il restait de moi. Moi qui les regardais. Muet.
Peut-être m'aimaient-elles. Laquelle était mon épouse ? Les deux peut-être.
Maman ? Grand'maman ? Etait-ce vous aussi ?
J'ai oublié.
Ma mémoire est morte avec moi. En ce temps là. Il y a... Il y a... Je ne sais pas.
Cette image n'arrange rien. Ne me rappelle rien.Alors pourquoi suis-je troublé ?
Peut-être était-ce mes filles. Ou des amours cachées ?
Des âmes dévouées appitoyées. Ou des pleureuses nées ?
J'ai oublié.
La mémoire n'est plus la mienne. Ma mémoire n'est plus la même.
Peut-être n'était-ce pas moi. Peut-être n'étaient-elles pas là pas pour moi.
Leur regard, leurs gestes, leurs mots.
J'ai oublié.
De ma mémoire lointaine, de celles d'outre cieux,
Ne me revient qu'un souffle. Celui d'un silence volé. Dévoilé. Envolé.
Peu importe leur nom, ou leur degré de parenté. D'amitié ou de fidélité.
Je peux l'imaginer. Et croire encore qu'elles m'ont aimé.
Dans mes ailleurs. Dans mes possibles.
Dans mon imaginable nostalgie.
Car au lieu d'être un corps, au lieu d'être mort,
Peut-être n'étais-je pas né. Ou du moins pas encore.
J'ai oublié.