Je marchais sur l'avenue Jules Ferry. La cathédrale en prière déjà tendait ses bras au ciel. La plume de l'Histoire des Hommes sournoisement se plongeait silencieuse dans l'encre d'une indépendance enfouie et murmurée. Insouciant, je marchais. A chacun de mes pas, la cathédrale me saluait. Et je l'en remerciais.
Je marche sur l'avenue Habib Bouguiba et la cathédrale en prière tend toujours ses bras au ciel. La plume de l'histoire de l'homme que je suis plonge dans l'encre de mes souvenirs enfouis, murmurés et inconscients. Insouciant, je marche. A chacun de mes pas, je salue la cathédrale. Elle semble me remercier d'être revenue. Ou de n'être jamais parti. Fidèles.
Tunis et son pays ont repris leur nationalité. La cathédrale est toujours là. Elle n'a pas changé de place, elle a seulement changé d'adresse. Sur la plaque Bourguiba a remplacé Ferry.
Et moi je marche encore. Peu importe le nom de la rue, c'est le coeur de la terre et celui des hommes qui comptent. Et le mien bat ici, comme il bat là-bas. Je suis comme cette cathédrale, je lève mes bras au ciel. Et mes prières d'aujourd'hui croisent mes prières d'antan et s'unissent en catédrale d'amour.
Suis-je cette cathédrale ? Est-elle moi ? Etrange impression que ce symbole qui est le trait d'union entre deux Terres, entre deux sentiments forts. Deux souffles vitaux. Au delà de l'Histoire et du temps qui passent. Et au delà des religions. En prière parce qu'en amour. Parce que tout cela fait ce que je suis.
Parce que ma nostaligie arabe a dû passer en son choeur pour réchauffer le mien aujourd'hui.